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Un autre Noël

  • Photo du rédacteur: Lueur
    Lueur
  • 12 déc. 2024
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 avr.

Êtes vous de celleux qui adorent ou qui détestent Noël ? 


En ce qui me concerne, j'ai longtemps été de celleux pour qui Noël était anxiogène. Les heures supplémentaires, un rythme de travail effréné, des transports en commun bondés, le froid, la pluie, le stress, les injonctions à la surconsommation, la pression familiale, etc. Noël me renvoyait à ce que je n’avais plus, ce que je n’avais pas, ce que je n’étais pas, mes échecs, mes complexes.


Et puis… quelque chose à changé. Aujourd’hui c’est tout l’inverse. Chaque année j’en trépigne d'impatience. Dès le premier novembre je sors les guirlandes lumineuses et les bougies, réfléchis à la décoration. Autour de moi, on me lance des "Déjà ? Mais on est à peine en novembre !" Peu m’importe. Ce n’est pas du jour de Noël dont il est question pour moi, ni même du réveillon. C’est au-delà de ça. 


Ce glissement de la détestation à la délectation s'est fait progressivement. Lorsque j’ai eu mon premier chez moi, j’ai peu à peu mis en place ce qui allait devenir un protocole que je déroule désormais, chaque année, sur environ 2 mois. 


Là où je vis, lorsque Novembre apparait, le temps s’assombrit, les jours raccourcissent, la grisaille répand son voile humide, et le soleil peine à transpercer les nuages. C’est éprouvant émotionnellement. Et ça se ressent partout, tout le temps, dans les moindres interactions du quotidien avec les gens.


Noël devient alors mon prétexte pour ramener lumière et chaleur dans mon foyer. Faire de ma maison un cocon. Sortir les plaids, allumer des bougies, porter de gros pulls et des chaussettes en pilou pilou. C’est une période de ralentissement et d’introspection. Comme si je préparais mon esprit à entrer en hibernation. Je dessine, j’écris, je pense beaucoup, je me recentre sur mes intentions et mes intuitions. 


Ainsi, à la période de l’année la plus éprouvante émotionnellement, j’arrive à préserver une forme de joie et d’apaisement. Plus il fait sombre et plus j’illumine. Plus le temps devient triste et plus mon foyer devient joyeux. 


Noël ou pas, ces habitudes sont devenues mes rituels pour célébrer le passage des saisons, et entrer dans l’hiver par la célébration.


Finalement, je reproduis simplement un comportement que des milliers de gens perpétuent depuis des siècles.


 

Célébrer la lumière : Un héritage païen




Vous le savez probablement, Noël n’a pas toujours été Chrétien. C’est un héritage païen.

Avant l'avènement du Christianisme, au solstice d’hiver, les païens d’Europe fêtaient le retour de la lumière, notamment au travers de la fête de Yule. Dans les traditions scandinaves, germaniques, Saxons et Celtes, cette période de l’année était associée à la notion de renaissance : avec le retour de l’ensoleillement, c’est le cycle de la vie qui reprend. On célébrait alors la lumière et on invoquait la fertilité et l’enfantement.


On offrait des cadeaux aux enfants. On allumait des bougies. On ornait les maisons de feuillages, de houx et de rubans.


On décorait aussi une très grosse bûche avant de la faire brûler dans l'âtre pendant plusieurs jours pour garantir de bonnes récoltes l’année suivante.


À cette époque, les hivers en Europe étaient bien plus rudes qu’aujourd’hui. Les populations étaient tributaires des saisons, de l’ensoleillement, et du temps. L’hiver était donc propice au ralentissement. Illuminer son foyer, se réunir pour festoyer, était plus que jamais indispensable pour affronter le froid et l’obscurité.



Du Sol invictus à la naissance du Christ


Du côté de la Rome antique, du 17 au 25 décembre, on fêtait les Saturnales en l’honneur de Saturne, dieu de l’agriculture. On retrouve ici aussi des pratiques similaires à celles mentionnés plus haut : invoquer les dieux pour avoir de bonnes récoltes, offrir des présents, décorer les maisons de feuillages et de houx, et bien sûr festoyer.


Puis, les Saturnales étaient suivies du Sol Invictus, une fête célébrant la victoire du soleil qui apportait avec lui le renouveau de la vie.


 L’empereur Constantin, converti au christianisme, fera coïncider la fête du soleil avec la commémoration de la Nativité.


Près de trois siècles après la naissance du Christ, le premier Noël est célébré le 25 décembre à Rome. Jésus devient alors le nouveau soleil. Noël remplacera désormais les cultes païens de Yule, des Saturnales et de Sol Invictus.


 

L’importance de la lumière


Si les peuples d’Europe célèbrent le solstice d’hiver, et donc le retour de la lumière, depuis des siècles, du nord au sud, d’est en ouest, ce n’est pas un hasard. Car, que l’on soit Chrétien, païen, laïque ou athée, la lumière nous est vitale. Et dans ces régions où l’ensoleillement baisse considérablement entre novembre et décembre, conscientiser l’importance de la lumière pour la ramener à soi est primordial.


D’une part parce qu’elle a un impact considérable sur notre santé physique. La lumière naturelle régule notre rythme circadien, notre horloge biologique interne, influençant les cycles de sommeil et d'éveil. Elle permet également la production de vitamine D, essentielle pour la santé des os, le système immunitaire et la prévention de certaines maladies comme l'ostéoporose. Elle contribue également à notre équilibre hormonal en stimulant la production de cortisol, une hormone qui nous donne de l’énergie et nous aide à être plus alertes.


D’autre part, la lumière joue un rôle déterminant sur notre santé mentale. Elle aide à améliorer notre bien-être et réduire le stress par la production de sérotonine, un neurotransmetteur qui favorise la bonne humeur et réduit les symptômes de dépression. D’où le fait qu’en hiver, on observe une augmentation significative de la dépression saisonnière, touchant 1 à 3% de la population dans les régions tempérées, avec une prévalence plus élevée dans les zones aux hivers longs et sombres. 


Enfin, la lumière influence nos émotions. Une lumière chaude peut favoriser le confort et la relaxation, tandis qu’une lumière froide peut stimuler l’énergie.


C’est inconscient, et viscéral. La lumière nous est indispensable.


 

Revenir aux fondamentaux


Dans la médecine traditionnelle chinoise, on considère que l’hiver démarre autour du 7-8 novembre et s’étend jusqu’à la mi janvier. C’est une saison associée à l’énergie du Yin qui nous invite à nous aligner avec le reste du monde dont nous faisons partie. Tout comme les lacs qui gèlent, les arbres qui ralentissent leur métabolisme ou les animaux qui hibernent, nous devrions opérer une forme de repli sur nous-même et d’introspection afin de nous préserver et de nous réparer pour être en mesure de nous remettre en action au printemps suivant.



Or nos sociétés modernes nous poussent à aller à contre sens de ce cycle de la nature. L’hiver est souvent une période d’épuisement. Au moment où le corps et l’esprit auraient le plus besoin de calme et de recueillement, nous nous affairons à en perdre haleine. 


Dans le monde professionnel on travaille d’arrache pied pour préparer les budgets de l’année suivante, les événements d'entreprise, des bilans, des lancements, des mesures de performances, des évaluations du personnel, des définitions d’objectifs annuels, etc. 


Côté perso ce n’est pas forcément mieux. Il y a les fêtes de fin d’année à préparer, les cadeaux à acheter, anticiper la logistique pour réunir ou retrouver ses proches, faire face à la pression que l’on subit ou s’inflige. 


Cette période de surproductivité où la charge mentale et émotionnelle est à son comble nous défocalise de nous-même, de nos besoins primaires et de nos ressentis. 


Il est temps d’ouvrir les yeux, de renverser le statu quo, de revenir à nos fondamentaux. Se reconnecter à soi et au monde qui nous entoure.


 

Challenger le statu quo 


Pourquoi Noël devrait-il être une porte ouverte aux injonctions ?


Et si nous changions d’approche ? En verbalisant nos limites. En refusant de faire ou de subir ce qui va à l’encontre de nos valeurs ou de nos besoins ?


Évidemment c’est plus facile à dire qu’à faire, et l’on n’a pas toujours la force, la capacité ou les moyens de s’opposer à ce qui nous contraint. Mais on peut à minima se créer de petits espaces de respiration et de reconnexion. C’est en cela que les rituels sont importants. 


Sacraliser et ritualiser ce qui nous fait du bien en hiver, à commencer par la douceur, la chaleur et surtout la lumière. Allumer une bougie le soir, boire du thé, méditer, décorer sa maison et prendre le temps d’apprécier cet endroit dans lequel on a mis du coeur et de l’attention, s’octroyer des moments de calmes pour lire, écrire, dessiner, jouer de la musique ou faire des étirements… La liste est infinie, car elle est propre à chacun·e d’entre nous. En réalité ce qui fait la magie d’un rituel c’est l’intention qu’on y met.


En prenant le temps de l’observation et de la conscientisation, et en répétant de petits gestes qui nous font du bien, on cultive sa propre joie intérieure. En hiver, notre énergie est comme une petite braise intérieure sur laquelle on doit souffler doucement et régulièrement pour en maintenir la chaleur. 


Libre à  chacun·ne de trouver ce qui lui fait du bien, de réinventer ses traditions.



 

Un autre Noël


Comme je vous le disais en introduction, ce n’est pas tant du jour de Noël dont il est question pour moi, ni même du réveillon. C’est au-delà de ça. 


Il s’agit plutôt de la réappropriation des traditions pour un retour à soi.


Comme la plupart d’entre vous, je déplore le prétexte au consumérisme massif que sont devenues les fêtes de Noël. Mais je refuse pour autant de tomber dans une forme d'aigreur qui transformerait alors tous mes hivers, année après année, en une période d’anxiété.


Je préfère la joie au cynisme.


Je crois profondément en la magie de Noël. Ou plutôt en la magie de l’hiver. Car il y a quelque chose de merveilleux dans ce cycle naturel où tout ralenti et s’endort pour éclore ensuite à nouveau. Et la lumière est un ingrédient indispensable au ressenti du merveilleux.


Quelles que soient vos croyances ou vos convictions, cet hiver, mettez de l’intention dans ce qui vous fait du bien, retrouvez le sacré dans vos gestes du quotidiens, illuminez votre foyer, créez vos propres rituels.


Inventez un autre Noël. ✨ 



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